Foi um grande europeu e um grande intelectual que ontem faleceu.
Dessa “espécie” que se diz “desaparecida”, os “intelectuais”, houve importantes exemplos na “dissidência”, face às ditaduras estalinistas: a “Carta 77” na Checoslováquia talvez tenha sido mesmo o último grande “movimento intelectual” no sentido do empenhamento cívico, houve aqueles outros, como Geremek, que se juntaram aos operários grevistas de Gdansk em 1980, na fundação do “Solidariedade” – além dos bem conhecidos casos de Soljenitsine, Sakharov e Rostropovich na União Soviética.
A notoriedade política de Geremek fez restringir aos círculos mais académicos o seu importante trabalho nos terrenos da história medieval e da história da cultura, próximo da Escola dos “Annales”, com particular enfoque nos marginalizados e excluídos, como em Les marginaux parisiens aux XIVe et XVe siècles, a mais difundida das suas obras.
Deputado, ministro dos Negócios Estrangeiros e euro-deputado, Geremek tinha sido proposto na presente legislatura para Presidente do Parlamento Europeu pelos grupos dos democratas e liberais e dos verdes, justamente por ser figura emblemática de “cidadão europeu” – mas a usual partilha de poder entre “populares” (conservadores) e socialistas obstou à sua eleição.
E foi como euro-deputado que teve ocasião de manifestar ainda a sua verticalidade ao recusar a “lustração”, a exigência de prestação de provas de que um cidadão nunca tinha tido relações com a polícia política do regime comunista, a “depuração” pretendida pelos gémeos Kaczynski, esses expoentes do “populismo” que grassa nas ex-“democracias populares” – “prestar provas” ele, um intransigente combatente pela liberdade!
Dele li há dias no “Le Monde” um dos mais lúcidos textos sobre o impasse decorrente do “Não” no referendo irlandês, exemplo de reflexão de um convicto europeísta, relembrando que antes do mais a União deve ser uma “Europa dos Cidadãos”.
Aqui registo os trechos principais desse artigo, em devida homenagem e reconhecimento.
Europe, et si on changeait le contexte ?
Après le non irlandais au traité de Lisbonne, l'Union européenne a évité de prendre des décisions à la hâte. Mais il semble qu'il y ait déjà un plan : faire aboutir la ratification du traité de Lisbonne dans tous les pays qui ne l'ont pas fait et obtenir de la part de l'Irlande, isolée dans son refus, la répétition du référendum sur le même texte.
Le plan qui consiste à pousser l'Irlande à organiser un deuxième référendum a plusieurs précédents dans l'histoire de l'Union et n'est pas en contradiction avec les règles juridiques. Tout de même on ne peut pas nier que c'est un peu humiliant pour les Irlandais (oserait-on le demander aux Français ?) et que la culture démocratique des Européens en souffrirait aussi. Et imaginons ce que l'Europe ferait si des Irlandais s'obstinaient dans leur refus et répondaient non encore une fois ?
Il faut se rendre compte que les Européens du XXIe siècle craignent l'avenir et ne font pas confiance à l'Union européenne. Ils sont las de ses élargissements, ils la croient bien éloignée de leurs soucis quotidiens et inefficace pour relever les défis actuels. Les taux de croissance stagnants dans la plupart des pays membres de l'UE, ainsi que la cherté de la vie contribuent aussi à la morosité générale des Européens : c'est un facteur fondamental dans le climat psychologique européen.
Dans un tel climat, les grands projets visionnaires n'ont pas de chance de réussir. Le traité constitutionnel ainsi que le traité de Lisbonne étaient bien ce genre de projets visionnaires et supposaient un climat de confiance et de satisfaction à l'égard de l'UE. Il faut se rendre à l'évidence que ce n'est pas le cas aujourd'hui. La morosité psychologique est un obstacle de taille à des projets constitutionnels courageux.
Les historiens du constitutionnalisme savent bien que les Constitutions sont proclamées soit quand le peuple aspire à un tel acte (on parle d'un "moment constitutionnel"), soit par surprise. Les huit années passées ne coïncidaient pas avec un "moment constitutionnel" et toute tentative de prendre l'opinion publique par surprise n'aurait aucune chance. Les projets constitutionnels arrivaient au mauvais moment. Pour faire passer ces projets, il fallait expliquer aux Européens l'urgence des réformes constitutionnelles et c'était impossible sans que les Européens se réconcilient d'abord avec l'Europe. Cette "réconciliation" n'a pas eu lieu. Les derniers sondages d'opinion dans plusieurs pays de l'Union (y compris la France) ne sont pas réconfortants.
Que faire ?
Les trois mois d'école buissonnière que l'Union européenne s'est donnés servent l'idée de faire revoter les Irlandais. Est-ce vraiment la seule solution possible ? Et si l'on suivait le conseil de Jean Monnet en cherchant à "changer le contexte" et à formuler un autre plan ?
Il est indiscutable que les gouvernements nationaux doivent faire tout leur possible pour que le traité qu'ils ont déjà tous signé soit maintenant ratifié. Le Royaume-Uni a donné l'exemple et il faudrait que les sept autres pays fassent de même. Ils y sont obligés, la Convention de Vienne sur les traités le dit explicitement. C'est alors que le Conseil européen devra examiner la situation et décider de ce qu'il faut faire. Puisqu'une majorité de pays et de citoyens a approuvé le traité, le Conseil peut de manière tout à fait légitime procéder de concert avec la Commission européenne et le Parlement à la mise en oeuvre de tout ce qui n'exige pas d'amender les traités.
(…)
Il y a aussi des changements que l'on ne peut pas introduire sans un traité. Cela concerne en premier lieu le système du vote. Pour la santé de l'UE, il est urgent d'abandonner le principe de l'unanimité, dont le fonctionnement rappelle trop le liberum veto en Pologne, qui avait amené mon pays au désastre à la fin du XVIIIe siècle. Il est aussi nécessaire de remplacer le système du vote pondéré établi à Nice par un vote à double majorité (de pays et de citoyens).
Ce qui ne peut pas être réalisé à la base des traités existants peut être soumis à une consultation populaire à l'échelle de l'Union européenne, organisée le même jour dans tous ses pays membres. Une ou deux questions précises concernant le système de vote européen, une campagne d'information sur le sujet, un débat dans l'Europe entière sur le problème, et les Européens seraient appelés aux urnes (cela pourrait se faire en même temps que les prochaines élections au Parlement européen) : le Conseil et le Parlement sauraient quoi faire après une telle consultation.
L'Europe doit se doter d'une dimension politique, elle doit être capable de parler d'une seule voix, elle doit avoir la capacité de formuler et de réaliser des politiques de solidarité. Le traité donnerait cette possibilité et en même temps créerait un bond en avant spectaculaire. Les trois non consécutifs de la part de la France, des Pays-Bas et de l'Irlande exprimaient une mésentente entre les institutions européennes et les citoyens.
Dans les sociétés démocratiques, on n'a pas besoin que les institutions soient aimées, mais on a besoin qu'elles soient efficaces et légitimes et qu'elles suscitent la confiance. Soyons attentifs au message de Saint-Simon : "L'Europe unie doit être celle des citoyens." Pour répondre à la demande "faisons les Européens", il faut donner aux Européens l'occasion de "prendre la parole" comme le proposait Jacqueline de Romilly. Il ne faut pas craindre le peuple, il faut craindre le populisme, qui exploite l'absence du peuple sur la scène publique.
L'Europe est donc face à un choix important. Elle peut avoir recours aux sentiers battus, qui consistent à faire revoter ceux qui ont dit non. Et même si l'on y réussit, cela restera toujours une opération menée par les gouvernements nationaux, évitant de faire parler les citoyens européens. Ou bien, en utilisant les traités existants, l'Europe peut à la fois procéder aux réformes institutionnelles nécessaires et demander l'avis des citoyens européens. La première solution constitue la routine européenne, la seconde annonce une nouvelle étape de l'unité européenne.
Como é óbvio, e ainda que numa página pessoal, não farei comentário crítico a este disco de obras de António Pinho Vargas. Ainda assim, três notas:
1)Se aceitei escrever as notas ao disco foi também porque já me tinha pronunciado criticamente sobre todas as três obras, sendo que considero Six Portraits of Pain e Acting Out duas das composições mais relevantes do autor, com Monodia e a ópera Os Dias Levantados; por razões várias, que em parte se podem deduzir do próprio texto para o livrete, Six Portraits of Pain é uma obra que muito em especial me toca, e que, tendo sido encomendada pela Casa da Música para a sua inauguração, passou de algum modo despercebida nas “festividades” e “solenidades” que então ocorreram (contudo, para o disco, e ao contrário do que sucede com as outras duas obras, em captações “live”, não foi utilizado o registo da estreia, mas antes feita uma nova gravação de estúdio).
2)Creio, todavia, que não se pode deixar de salientar a entrega de todos os solistas, Ansi Kartunnen em Six Portraits, Elisabeth Davis e Miguel Henriques em Acting Out.
3)Em qualquer caso, e para além de todas as apreciações, há por certo um aspecto que importa assinalar: se com as obras de autores portugueses contemporâneos ocorre redobradamente uma ausência de “vida própria”, isto é, para além da situação genérica de com mais frequência as apresentações se limitarem às estreias faltam de forma dramática modos de circulação de partituras e de discos, este cd tem fazer notar uma suplementar valia da Casa da Música, com as obras interpretadas pelos seus dois grupos residentes, o Remix Ensemble e a Orquestra Nacional do Porto – e esse é um facto mesmo muito importante.
Six Portraits of Pain, Acting Out, Graffiti (Just Forms)
Anssi Kartunnen, Miguel Henriques, Elizabeth Davis
Remix Ensemble, Orquestra Nacional do Porto
Franck Ollu, Martin André, Baldur Bronnimann
Numérica
O compositor, sujeito e historicidade
A personalidade artística de António Pinho Vargas é singular por uma dupla presença no campo musical: pianista, compositor e jazzman por um lado, compositor contemporâneo por outro.
A singularidade radicaliza-se tanto mais quanto estas vertentes aparecem inteiramente dissociados: não só Pinho Vargas não se tem mostrado de modo nenhum adepto de qualquer modo de crossover – tendência hoje cada vez mais insistente em autores que integram nos seus processos composicionais os sedimentos de uma escuta conceptualmente mais ampla -, como também, e apesar do treino como pianista, inclusive académico, não é intérprete das suas próprias composições eruditas.
O que poderia à primeira vista parecer um caso bifacetado, para não dizer mesmo artisticamente de dupla personalidade, tem contudo outras implicações, a saber, uma aguda percepção teórica da historicidade e das diferentes inscrições sociais de práticas e formas musicais, e uma não menos aguda noção da relação física, sensorial, com a matéria musical.
A noção de “pulsão”, ou mesmo de “pulsação” (no que isso supõe mesmo de uma relação imediata com o investimento físico e emotivo e com as interacções) tão importante no jazz, o beat, seja de periodicidades regulares ou irregulares, manifesta-se assim também como fulcral no seu trabalho de compositor contemporâneo. Ocorre assim falar a propósito da sua poética composicional de dispositivos pulsionais bem como, mais latamente, de uma problematização do sentir.
Intuitivamente também que o tenha sido, Pinho Vargas não deixou de absorver ao seu modo particular a influência de compositores que, tendo sido eles próprios pianistas, elaboraram uma escrita para o instrumento mais vincadamente também percutiva, motriz e “organicista” (nesse sentido físico e pulsional) como Prokofiev e sobretudo Bártok - dado que aflora especialmente em Acting Out.
Retomando as inscrições iniciais de um discurso já autónomo que são Monodia – quasi um requiem e Noturno/Diurno, não menos curial é ter presente o que o autor escreveu sobre a primeira dessas peças: “Uso uma simples sucessão melódica e um gesto musical lírico e consonante – mas que prazer nestas palavras – como ponto de partida da peça. Ela é excessiva, tensa, às vezes quase insuportável. Escrevi uma pequena teoria do grito mas perdi o papel”. O gesto da liberdade, ou antes, da emancipação – e da emancipação enquanto constituição de um sujeito autor de discurso próprio – assinala-se na associação “lírico e consonante – prazer”, o segundo termo introduzindo assim também nos dispositivos pulsionais um princípio, o princípio do prazer precisamente, enquanto por outro lado se assinala “tensa[ão]/grito”.
É particularmente interessante notar que essas duas obras matriciais, que aliás têm relações muito próximas, evocam de modo quase irresistível o primeiro Schönberg, ainda proto-expressionista, e o do sexteto Noite Transfigurada e do Quarteto nº2.
Sabendo-se como Schönberg representou e representa o paradigma do que Richard Taruskin designou por “falácia poiética”, isto é, uma auto-legitimação do artista pela qual o mais importante da obra reside na sua própria feitura, nas marcas da autoria, concepção correlativa à hegelinização da história da música e dos atributos dos “heróis do seu devir progressivo” (e tanto mais “heróicos” quanto enfrentando hostilidade de recepção pública, como tão em particular no caso de Arnold Schönberg), uma tal aproximação numa perspectiva pós-moderna poderá ser surpreendente.
Mas, justamente, falamos de um Schönberg de algum modo ante-schoenberguiano, em termos de sistema e profetismo, em que particularmente se assinalam a “tensão/grito”, o proto-expressionismo mas seguramente em qualquer caso uma marcada expressão. A analogia profunda de Pinho Vargas com essa matriz é essa de expressão, nos termos de uma “stimmung” e mesmo de uma angústia (o grito), de uma “angst”.
Parafraseando e invertendo os termos do conhecido livro de Harold Bloom A Angústia da Influência, dir-se-á que de modo recorrente se encontra disseminada nas obras de Pinho Vargas – e certamente nas três incluídas neste disco, mesmo que por modos muito diversos – uma “influência da angústia”, como inerente ao sujeito, na sua personalidade e historicidade.
Daí também que nestas três obras, mais marcadamente – como é óbvio – nas duas que implicam explicitamente solistas, Acting Out e Six Portrait of Pain, disseminadamente em Graffiti [Just Forms] em particulares destaques instrumentais ao longo das suas secções, haja “dramatis personae”.
Não se trata apenas de um problema de estrutura, mas ainda de uma questão de sujeito, de sujeito do discurso, que se diria mesmo ontológica, com esta ressalva de não pouca importância: como está implicado no uso de um termo do vocabulário da psicanálise para título de uma peça, Acting Out, o indivíduo já é de si uma “dramatis persona” e um espaço de conflitualidade e tensões.
Se atentarmos à estrutura da obra, com as suas secções de “antecedentes” e “respostas”, e ao próprio jogo entre o piano e a percussão e destes com a orquestra, compreender-se-á a referência psicanalítica “na sua conexão com a transferência [do recalcado]".
Numa fase mais recente, Pinho Vargas incluiu na apresentação das suas obras um texto sobre “a melancolia física do artista”, com uma epígrafe colhida em Peter Sloterderjik: “não há apenas aprendizagem positivas...ao lado há também um verdadeiro curso de decepções”.
Esse texto não diz respeito à condição da pessoa, mas sim do “artista”. Por certo que, nessa afirmada consciência, nesse “curso de decepções”, ocorrem condições concretas – da percepção de “uma inutilidade da arte e da música no quadro do espaço tempo em que vivo”, afirma.
Six Portraits of Pain, para violoncelo e largo conjunto instrumental, encomenda da Casa da Música para a sua abertura pública, é a obra dessa inquietação, dessa dor tornada constituítiva à melancolia do artista (“Esta dor constitui-nos, esta dor é agora o nosso estado de espírito” – Thomas Bernhard). Mas não menos é a afirmação da possibilidade de, pela “coisa-em-si”, pela obra, ter uma experiência estética que também exista autonomamente do tempo e espaço das suas condições materiais de gestação, a possibilidade de uma suspensão e uma “ucronia”, para além do tempo.
Com os textos de outros, em diálogo “ucrónico” com eles, o que Pinho Vargas delineia é uma possibilidade de reinscrição do sujeito como matéria da própria música. É um trilho pessoal e no entanto próximo do de outros, em reconsideração dos paradigmas de inscrição do sujeito.
Não é fortuito que o compositor esclareça que o primeiro texto que escolheu e “de certo modo, o mais importante porque (me) lançou para a questão fundamental da liberdade de pensamento, da arte, da política e das diversas repressões que marcam as suas histórias” tenha sido colhido em A Filosofia Crítica de Kant, obra em que Deleuze nos situa na “revolução coperniciana” do filósofo alemão, a faculdade de conhecer como legislador, o primado do sujeito, a sua emancipação: Kant, pois, em vez de Hegel – e da hegelinização da história da música.
Six Portraits of Pain é um novo modo de ”acting”, introspectivo, não sem paralelos e também elucidativas dissemelhanças com o de Acting Out.
A obra não é apenas um diálogo entre o violoncelo e o conjunto mas tem também diversas “dramatis personae” que se destacam, sendo de realce o “concertino” que se forma entre o violoncelo e dois violinos.
A sonoridade grave e nobre do violoncelo, como também o uso do instrumento em toda a sua extensão, são particularmente vibrantes no “macro-retrato”, o percurso em que o sujeito se delineia afinal. E poderá parecer surpreendente, mas não tanto na tentativa de leitura que aqui se ensaia, que de novo surja nesta obra a reminiscência da Noite Transfigurada de Schönberg.
A estrutura de Graffiti [Just Forms] é diferente pela marcante presença de um acorde de base, qual risco inicial, impulsivo (ou, ainda, pulsional), do próprio gesto de grafitar. O “rasgo” desse acorde-gesto (“rasgo” como noutro momento “grito”) traz consigo os elementos potenciadores da forte saturação da obra. Sucede isso também porque, em analogia ainda com o gesto de grafitar, o compositor usa materiais de base relativamente esquemáticos, ou melhor dizendo, de “traço grosso”, para ir introduzindo outras possibilidades, de rupturas abruptas, de timbre, de registo, de sobreposições.
Depois de Acting Out, com as suas ressonâncias psicanalíticas, e do “acting in[ner]” melancólico de Six Portaits of Pain, Graffiti [Just Forms] é uma possibilidade de “re-enactment” tentando delinear uma mais lata homologia, considerando não apenas a historicidade dos materiais musicais mas também as condicionantes sociológicas de formulação de discurso no quadro concreto de uma situação semi-periférica como a de Portugal, com todas as suas limitações estruturais, que fazem de algum modo que as possibilidades dessa formulação possam ser Just Forms [Graffitis].
Augusto M. Seabra
Extractos do texto escrito para o livrete desde disco.
Foi a abertura do “Cool Jazz Festival”, designação algo “trendy” para um evento eclético que está longe de ser só de jazz. Mas na segunda-feira, no Jardim do Palácio Marquês de Pombal em Oeiras, a noite estava bem “cool” e esse foi o primeiro facto assinalado por Herbie Hancock. O contratempo não foi de somenos porque a temperatura por certo influiu nas condições de recepção. Mas a música foi assinalavelmente “hot”.
Uma vez mais ainda, Hancock primou pelo inesperado. A presente digressão intitula-se “The River of Possibilities Tour”, remetendo portanto para os dois últimos álbuns do pianista, ambos predominantemente vocalizados. Ora, os temas cantados foram poucos. Em vez disso, Hancock retomou em grande parte as configurações de Head Hunters, o seu célebre disco de jazz-rock de inícios dos anos 70, e alguns dos mais emblemáticos temas da sua longa trajectória, como “Actual Proof”, “Watermelon Man”, “Cantaloupe Island” e “Chameleon”.
Em relação a River, a formação apresentava uma diferença: Chris Potter em vez de Wayne Shorter, acarretando desde logo uma diferença de sonoridades, pois que enquanto no disco Shorter usa sobretudo o sax-soprano, Potter optou pelo alto e o tenor.
Surpresa mesmo foi ouvir ao fim de muito tempo (18 anos, disse Hancock) Holland tocar baixo eléctrico. Mas se se poderia deduzir, por razões de sobra, que o predomínio foi electrificado, quer Dave Holland quer o próprio Hancock tiveram os seus momentos mais inventivos, e de que modo, no uso dos instrumentos acústicos.
Foi o concerto de uma formação notável, com um Chris Potter muito inspirado, e o percussionista Vinnie Colaiuta e ainda mais o guitarrista Lionel Loucke (natural do Benim) a revelarem as suas capacidades bem mais que disco.
A noite estava de facto fria, mas o surpreendente Hancock e um grande quinteto (pouco importaram as duas vocalistas, embora não desiludissem) tornaram-na numa miríade de cores, de anima “funky”. E assim Herbie Hancock foi de novo inesperado.
Um famoso tema de Herbie Hancock é “Chameleon”. Sem também ser exactamente um “camaleão” ou um músico de repetidas reinvenções, como Miles Davis (junto de quem se celebrizou no famoso quinteto dos anos 60), Hancock é frequentemente inesperado, mas poucas vezes o foi tanto como neste seu mais recente disco River – the Joni Letters, uma homenagem a Joni Mitchel.
Apesar de tudo, é substancialmente diferente abordar temas de Gershwin, retomar em jeito de “standards” alguns famosos temas pop ou mesmo fazer apelo a um cantor como Sting, tudo possibilidades exploradas noutros trabalhos, e abordar o exemplo peculiar da cantora/autora canadiana – o subtítulo “the Joni Letters” logo indicia uma atenção à escrita dos textos que não existia nos trabalhos anteriores, e essa foi explicitamente uma das motivações de Hancock.
Em nota, o pianista e Larry Klein, co-produtor do disco (e de resto ex-acompanhador e ex-marido da cantora), agradecem a Joni Mitchell nomeadamente “for showing us what artistic commitment means” – “artistic commitment” ou até tão “commitment” num mais sentido cívico, eis uma característica marcante do disco.
Mas Hancock surpreende quer nalgumas das escolhas que não se esperariam num disco seu (Tina Turner cantando “Edith and the Kingpin”, Leonard Cohen dizendo o texto de “The Jungle Line” – embora infelizmente também Norah Jones), quer por ter feito de novo apelo para tão inesperado projecto a velhos companheiros como Wayne Shorter e Dave Holland, ao lado dos novos, e nesse sentido também não-esperados, Lionel Loueke em guitarra e Vinnie Colaiuta em bateria.
Se o disco recria o espírito melancólico das canções de Mitchell – e a própria canta a emblemática “Tea Leaf Prophecy” – não deixa de surpreender o balanço entre os temas cantados (por Mitchell, Jones, uma notável Tina Turner, Corinne Bailey Rae e Luciana Souza– além da voz de Cohen) e os instrumentais, e nestes entre a opção pela versão instrumental (a melhor recriação de todo o disco, e o mais notável momento em termos, digamos, propriamente “jazzísticos”) da mais famosa canção de Joni Mitchell, “Both Sides Now”, e um “clássico” de Wayne Shorter como “Nefertiti”. Dir-se-ia que à imagem das viragens que têm havido ao longo da carreira de Hancock, o próprio alinhamento de River (“I wish I had a river”) é em si mesmo uma paradoxal consagração da imprevisibilidade.
Todo o gesto é demasiado singular para não ser devidamente destacado, pese ainda que, como é provável que fosse inevitável, River não deixe de ser uma obra irregular.
A propósito de Pacheco Pereira, e para as coisas serem pela minha parte devidamente claras, trago para aqui duas referências feitas em recentes crónicas do “Estado da Arte”:
“Na opinião publicada em Portugal existe uma forte hostilidade à criação cultural, aos apoios a essa criação e às estruturas vocacionadas para a arte contemporânea nos seus diferentes campos, há uma estigmatização dos pretensos ‘subsídiodependentes’ que toca mesmo as raias do delírio, e de que o principal expoente e manipulador é Pacheco Pereira (só a pura cegueira pode ‘explicar’ que, por exemplo, a propósito da crise na Câmara de Lisboa tenho escrito isto: ‘O único exemplo a seguir é o de Rui Rio. Apareça alguém a dizer que vai seguir o exemplo do Porto, ouça-se o ‘espernear’ dos animadores culturais a dizer que o ‘contabilista’ está a matar a ‘cidade’, e Lisboa pode vir a ser finalmente governável’ – ‘Sábado’, 10-05-07).”
A intervenção do Estado na área da cultura é (ainda) objecto de reticências e refutações. Todavia, na complexidade das sociedades contemporâneas, e no relevo nelas acrescido dessa área cultural, essa intervenção é justificada pela defesa da diversidade, pela necessidade de mecanismos de redistribuição territorial e social, pelo apoio à criatividade nas suas mais variadas manifestações e processos e pela promoção da imagem externa de um país.
A associação de um ministério da Cultura – ou mais genericamente da intervenção do Estado nesse campo - a uma entidade de propaganda é assim uma comparação que não colhe, porque o seu campo de regulação e intervenção se funda nos princípios fundamentais do Estado democrático, na tripla vertente da universalidade (o conjunto das políticas destina-se ao conjunto dos cidadãos), do respeito pela soberania individual e de representação externa. Aliás, não deixa de ser irónico, mas também sintomático, que o principal veiculador desse tese no espaço público em Portugal, Pacheco Pereira, seja ele mesmo um caso ímpar (e mesmo insólito) de interventor obsessivo no sentido de condicionamento da agenda política e mediática – ou, dito de outro modo, um caso ímpar de especialista em propaganda própria.”
E não é igualmente de passar despercebido um recente comentário seu quando da substituição de ministro da Cultura e que está em linha aqui:
“As mudanças da ‘Cultura’... significam quase sempre mais mudanças na clientela do que mudanças na política. Num sector tribalizado até ao limite, o que muda é a tribo próxima do Ministro, e quem perde é a tribo longínqua. Em função da distância aos subsídios , claro.
O novo ministro chega lá com ideias, gostos, opções diferentes do anterior: gosta mais de teatro de revista, mais de ópera, mais de cinema, mais do grupo A ou do grupo B, mais do fado ou de Emanuel Nunes, vai ao CCB ou à CGD, à Gulbenkian ou a Serralves, dá-se com os bolseiros da escrita ou com os actores da ‘Rivolução’, está mais com os críticos do Actual do Expresso, do ex-DNA do Diário de Notícias ou com os do Ipsilon do Público, e por aí adiante conforme as tribos. Como nunca há dinheiro que chegue para todos os gostos e tribos, há sempre uma insatisfação activa na ‘cultura’. É só uma questão de tempo até haver outro abaixo-assinado na Internet.”
Raia o delírio insinuar que a grave crise orçamental da Câmara de Lisboa é minimamente consequência do muito escasso item para a Cultura, que aliás não se expressa tanto em subsídios, ou antes, “apoios à criação” (pois é disso que se trata), mas em funcionamento de instituições. E é típico do pensamento grupuscular – como se, digamos, epistemologicamente, Pacheco Pereira nunca tivesse de facto consumado o corte com esse mundo político-ideológico em que aliás continua embrenhado, ao menos historiograficamente, inventariando e relatando os mil e um grupúsculos marxistas-leninistas-maoístas – supor que os “mundos da arte” (para utilizar a terminologia de Howard S. Becker) mais não são que um conjunto de tribos em disputa.
Em coerência, devia Pacheco Pereira andar pelos campos do Iraque, à procura das tão proclamadas Armas de Destruição Maciça. Em vez disso, a famosa Marmeleira é o local do centro de controle de um “Big Brother”, passando em cuidadosa revista todos os media, e trabalhando nesse sistema mediático a nível exponencial, como colunista do “Público” e da “Sábado” e comentador da “Quadratura do Círculo”, além de muitas outras intervenções.
Os extractos literários que Pacheco Pereira coloca em linha são um puro gesto mecânico. Em vão se pode procurar nos seus escritos qualquer rasto de uma experiência estética recente, de uma ida ao cinema, a um concerto, a um espectáculo. A reiteração do cânone, no seu caso, é apenas a reafirmação obstinada do dogma.
Mas não que a cultura, ou as instituições culturais lhe possam ser de todo indiferentes, enquanto funcionário político.
Foi suficiente e justificadamente salientado o seu gesto de renúncia ao cargo de embaixador de Portugal junto da UNESCO, quando da posse do governo de Santana Lopes. Acontece que esse gesto, pelo inegável eco político que suscitou, também colocou na sombra algo que importava interrogar: a própria nomeação.
É de lembrar que Pacheco Pereira tinha sido cabeça de lista do PSD pelo Porto, e que nunca respondeu se ocuparia ou não esse cargo quando cessasse as suas funções de eurodeputado. Com a arrogância típica dos “iluminados” demonstrou ele a mais absoluta falta de respeito pelos eleitores. Mas mais: Pacheco Pereira não só é um adversário da intervenção dos Estados em matérias culturais, como, eminente neoconservador que é, despreza o sistema das instituições internacionais sob a égide da ONU, que qualifica de “olimpianismo”. Isso não obstou, contudo, quando a perspectiva do cargo se lhe colocou, de num primeiro momento aceitar ser embaixador na UNESCO, a organização das Nações Unidas para a cultura.
A sua vontade controleira faz salientá-lo como caso ímpar de vocação totalitária no espaço público português, e isto deve ser claramente afirmado – afinal os resquícios do dogmatismo marxista-leninista ainda estão nele bem presentes. Mas mais: é a sua própria ética ou, com frequência, falta dela, que deve também ser interrogada – e, por agora pelo menos, nem sequer me estou a referir ao uso que faz em obras suas de investigações de outrem sem devidamente citar os autores, gesto tanto mais lamentável até quanto muita da sua produção historiográfica, como a biografia de Álvaro Cunhal, é obra de valor e já mesmo de referência (e sobre isto acrescento apenas que, pela parte que também me diz respeito, tenho as provas materiais suficientes, e posso apresentá-las). Mas talvez que para ele, no seu complexo de “Chefe”, de “Big Brother” mesmo, os outros sejam apenas “arraia-miúda”.
Por isso mesmo também quando há um campo que ele não domina, como a arte e a criação contemporâneas nas suas mais diversas facetas, nele impera antes a cegueira da desqualificação, a fúria do dogmatismo. E importa afirmá-lo em letra de forma, sem quaisquer subterfúgios.
Por uma perturbante coincidência (não sei se fortuita) a programação de amanhã à noite da Cinemateca é ocupado com dois filmes eminentemente totalitários, e como poucos, o nazi O Triunfo da Vontade de Leni Riefensthal e o maoísta O Oriente é Vermelho.
A título de curiosidade, se é que de “curiosidade” se pode falar em tão sinistros casos, o acento coloca-se no maoísta. A bandeira vermelha, as estrelas e a efígie de Mao Tse-Tung são o que resta dessa iconografia maoísta, e, para quem não tem memória desses anos, é mesmo difícil de imaginar o culto demencial que era prestado a Oriente é Vermelho e a esse outro bailado “revolucionário”, O Destacamento Feminino Vermelho.
Mas a erosão dessas imagens não supõem necessariamente o esbatimento da lógica dogmático dos que foram seus cultores. Um antigo “esquerdista”, mas de outra orientação, o dirigente Verde e ex-ministro dos Negócios Estrangeiros alemão Joschka Fischer recordava recentemente na Universidade de Columbia em Nova Iorque como tinha reencontrado um aproximável primado da ideologia sobre a realidade nos emissários da administração Bush, “nos Wolfowitz, Perle, em todos esses neoconservadores reencontrei esse tipo de convicção pela qual a realidade não é um argumento – os neoconservadores tinham uma visão quase leninista: queriam expandir a democracia na ponta do fusil exactamente como os bolchevistas queriam fazer a revolução proletária”.
Como bem sabemos, em Portugal os mais eminentes neoconservadores, Pacheco Pereira, José Manuel Fernandes, João Carlos Espada, são ex-marxistas-leninitas-maoístas.
Leia-se no texto abaixo de Jean Birnbaum sobre Alain Badiou como “Os ex-maoístas conservaram muitos traços comuns, em primeiro lugar a certeza que que o combate intelectual intelectual é o único que verdadeiramente conta, e depois a consciência que tal como as outras, esta batalha não se trava de luvas brancas, enfim, uma relação terrorista com a linguagem, determinado pelo ódio do compromisso, votada à intimidação dos outros”. Lesse essa análise e nela ainda são reconhecíveis Fernandes ou Pacheco.
Recordar O Oriente é Vermelho ou O Destacamento Feminino Vermelho é pois também ter presente, sobretudo no caso de Pacheco Pereira, no seu perene ódio da arte e da criatividade actuais, o que foi a “educação estético-política” dos maoístas reconvertidos em chantagistas neoconservadores.
Austères, intraitables, ils sont restés fidèles à eux-mêmes. A la fin des années 1960, les jeunes "maos" se croisaient dans les couloirs de l'Ecole normale supérieure, entre une discussion avec le philosophe Louis Althusser et un séminaire du psychanalyste Jacques Lacan. Ils ferraillaient à propos de tel ou tel article publié par les Cahiers marxistes-léninistes, une revue où l'on pouvait lire en exergue les mots suivants : "La théorie de Marx est toute-puissante parce qu'elle est vraie."
Quarante ans plus tard, ces brillants sujets tiennent encore le haut du pavé parisien, partageant toujours une même conviction : qui veut le pouvoir doit détenir la vérité. "Ce sont des aristocrates qui méprisent la piétaille de Mai 68, remarque le philosophe Bernard-Henri Lévy, leur cadet de quelques années. Chez eux, il y a une jeunesse inentamée : l'enthousiasme spéculatif et la furie conceptuelle n'ont pas varié."
Par-delà les ruptures personnelles, les clivages idéologiques, les ex-maos ont conservé bien des traits communs : d'abord, la certitude que le combat intellectuel est le seul qui compte vraiment. Ensuite, la conscience que, pas plus que les autres, cette bataille-là ne se mène avec des gants blancs. Enfin, un rapport terroriste au langage, déterminé par la haine du compromis, voué à l'intimidation d'autrui.
Leurs joutes continuent de polariser une large partie du champ intellectuel français, où les avant-gardes ont d'autant plus d'impact qu'elles sont marginales : "C'est un jeu stratégique qui se déploie dans un mouchoir de poche, poursuit Bernard-Henri Lévy. Mais tous ont un rayonnement considérable, selon le principe de la microsecte à effets virulents. Et de même qu'il y eut jadis une génération structurée par le face-à-face entre ces deux enragés qu'étaient André Breton et Louis Aragon, de même il y a aujourd'hui une génération qui doit choisir entre deux sartriens,Benny Lévy et Alain Badiou."
Sur les ruines du maoïsme à la française, telle serait la nouvelle ligne de front. D'un côté, la petite troupe attachée à Benny Lévy. Ancien chef de la Gauche prolétarienne (GP), celui-ci a fait "retour" à la tradition juive, dès le milieu des années 1970. Dans l'Institut d'études levinassiennes qu'il a fondé en 2000, l'espérance radicale s'énonce désormais à la lumière de la Torah. Après la mort de Benny Lévy, en 2003, ses amis se regroupent autour du linguiste Jean-Claude Milner : "Milner, c'est une intelligence disponible, commente le psychanalyste Jacques-Alain Miller, ex-mao et gendre de Lacan. Le désir brûlant était celui de Benny, mais Milner sert son impulsion, il parle pour lui. C'est un travail de piété."
De l'autre côté, les disciples d'Alain Badiou. En mai 1968, ce paisible père de famille, qui enseigne la philo à Reims, bascule dans l'engagement politique, s'en allant diffuser ses idées à la porte des usines et dans les foyers d'immigrés. Un choix vécu sur le mode de la conversion : "Mai 68, pour moi, ce fut une chute sur le chemin de Damas, confie-t-il. Avant, je me considérais comme un écrivain ; ensuite, je deviens un militant dont la politique absorbe l'existence." Dans l'après-Mai 68, le philosophe fonde la groupusculaire Union des communistes marxistes-léninistes de France (UCFML). Et aujourd'hui encore, à 70 ans, il dirige un collectif baptisé "L'Organisation politique", qui s'investit essentiellement dans la solidarité avec les sans-papiers.
Parmi les figures intellectuelles du courant "pro-chinois", Badiou est le seul qui n'a pas bougé : dans son séminaire à Normale Sup', qui continue d'attirer chaque mois des centaines d'auditeurs, le professeur brocarde "le capitalo-parlementarisme" et cite abondamment Mao Zedong, dont il affirme que les écrits philosophiques devraient figurer au programme de l'agrégation.
Depuis la disparition de Jacques Derrida, en 2004, Badiou est sans doute le penseur français le plus lu et le plus commenté à l'étranger. Ses livres se répartissent en deux catégories : les épais volumes théoriques, d'abord, où il puise dans les mathématiques pour bâtir une pensée de l'événement ; les essais de circonstance destinés à un large public, ensuite, dont le dernier en date, De quoi Sarkozy est-il le nom ? (Lignes, 2007), fait les délices de l'extrême gauche.
A mi-chemin entre ces deux catégories, un autre ouvrage a semé la zizanie dans la galaxie des ex-maos français : Saint Paul. La fondation de l'universalisme (PUF, 1997). Sous la plume de Badiou, l'apôtre devient "un Lénine dont le Christ aurait été le Marx équivoque". Bien plus : selon lui, les Epîtres proposent une nouvelle figure du militant, et un credo universaliste pour demain. Contre la prolifération des "communautarismes", les textes de Paul permettraient d'en finir avec les "identités fermées" : au regard de l'universel façon saint Paul, c'est bien connu, il n'y a plus "ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme"...
Ses ex-concurrents de la Gauche prolétarienne ne s'y sont pas trompés. Dès sa parution, certains ont vu dans le livre de Badiou un authentique casus belli, une façon de déclencher cette "guerre métaphysique sur la notion même d'universel" annoncée par Benny Lévy. "Oubliez son nom !", lançait celui-ci, peu de temps avant de disparaître, à quiconque évoquait Badiou devant lui.
Par la suite, Jean-Claude Milner prend le relais. Ironie souterraine, allusions cruelles et notes assassines : texte après texte, et sans jamais le citer nommément, Milner fustige Badiou, dont il était naguère l'ami. Car, à ses yeux, l'urgence est là : il faut faire barrage aux "sectateurs de l'universel facile", qui confondent cet universel avec l'effondrement des identités, l'effacement des noms particuliers : ni Juifs ni Grecs... "L'universel selon Badiou est un universel en extension, fondé sur laconversion du plus grand nombre, affirme Milner d'une voix cristalline. Dans cette logique, est bon ce qui unit, est mauvais ce qui divise, pour paraphraser Mao... Or le nom juif est ici en position de cisaille. Depuis l'affaire Dreyfus au moins, il est le point d'achoppement, le point de honte de la belle langue française. Le nom juif divise au maximum, et c'est pour cela qu'il est porteur d'un autre universel, non plus en extension, mais tout en intensité."
Universel en "extension" contre universel en "intensité", fraternisation globale contre identités singulières, général contre particulier : à l'horizon de ces débats, il y a bien sûr plus d'un enjeu d'actualité. Mais il y a aussi une dispute autour de l'héritage sartrien, si central dans la conscience des gauches françaises : "Pour Sartre, l'homme n'est rien, il est néant, il ne peut pas exister sur le mode de l'identité, souligne Alain Finkielkraut. Mais Sartre admet que face à l'antisémite, celui qui s'assume comme juif mérite le respect. Si Benny Lévy est fidèle à l'homme Sartre, donc, c'est Badiou qui tire les conséquences de sa philosophie : pour lui, il n'y a rien ni personne, et surtout pas de juifs, car ils fournissent la matrice de toutes les identités à venir. Badiou, c'est Sartre moins la générosité ! Et voilà comment l'extrême gauche prend son tournant théologique : au moment où l'Eglise devient vraiment judéo-chrétienne en invoquant la première Alliance, ce sont les gauchistes qui la révoquent en enrôlant saint Paul !"
Tournant théologique ? Alain Badiou dément. Et répond à ces critiques de plusieurs façons. Sur le mode du dépit personnel, pour commencer, en confiant sa nostalgie d'une certaine solidarité entre ex-camarades. Hier, il pouvait dire "nous les soixante-huitards professionnels". Maintenant, il déplore que ce "nous"-là fasse défection : "Ce "nous" était précisément tout sauf un nom...", souffle-t-il.
Pour le reste, le théoricien maoïste est tenté de rabattre la polémique sur un axe gauche/droite, un partage classique entre progrès et réaction. A l'entendre, les critiques dont il est la cible marquent l'émergence d'un néoconservatisme dont l'originalité serait à la mesure de l'expérience mao : "Quand se mettent en place des figures inédites du conservatisme, observe Badiou, elles sont souvent liées à des retournements, au pivotement de gens qui ont été nourris par la tradition révolutionnaire. Or le maoïsme a été la grande nouveauté politique issue de Mai 68. Dans ces conditions, il n'y a rien d'étonnant à ce que ses militants continuent d'irriguer les nouveautés. Y compris les nouveautés réactionnaires !"
S'il n'en reste qu'un... Dans la famille des normaliens "lacano-maoïstes", Alain Badiou se présente comme celui qui ne s'est jamais "retourné". Ni vers l'ordre bourgeois, ni vers le ciel des religions. Et si certains le décrivent comme un chrétien qui s'ignore, Badiou, lui, proteste de son radical athéisme. Pourtant, même ses meilleurs soutiens sont tentés d'inscrire sa pensée dans le champ théologique : ainsi le théoricien trotskiste Daniel Bensaïd évoque-t-il une "philosophie guettée par la sacralisation du miracle événementiel", tandis que son collègue slovène, Slavoj Zizek, n'hésite pas à présenter Badiou comme "le dernier grand auteur de la tradition française des catholiques dogmatiques". Quand on lui rappelle ces propos, l'intéressé ne se défile pas. "A mes yeux, assure-t-il, il n'y a pas d'histoire transcendante. Mais quand on rallie une cause puissante, on s'inscrit sur une scène qui est plus vaste que soi-même. Dès lors qu'on aborde les motifs de l'appel radical, de la conversion, du nouvel homme... je vois bien qu'il y a une généalogie chrétienne, oui, bien sûr. C'est pour cela que j'ai écrit le Saint Paul." Ainsi, le plus "marxiste-léniniste" de nos philosophes prend-il toute sa part dans l'aventure métaphysique du maoïsme français.
O filósofo e psicanalista esloveno Slajov Zizek esteve agora em Lisboa em duas etapas: a apresentação do seu livro de reflexões cinematográficas Lacrimae Rerum (Ed. Orfeu Negro) e a participação num encontro de debate cultural organizado pelo eurodeputado do Bloco de Esquerda Miguel Portas sob a égide do Grupo da Esquerda Unitária/Esquerda Verde Nórdica, isto é o grupo comunista no Parlamento Europeu.
Zizek é certamente um dos importantes intelectuais contemporâneos; a Relógio d’Àgua tem vindo a traduzir diversos títulos seus, faltando ainda o mais importante, a súmula, The Parallax View (MIT, 2006). O que também não se pode escamotear é a evolução anti-democrática do seu pensamento, como aliás a nova nomeada de um raros maoístas persistentes, Alain Badiou – e por importante que seja uma obra como Le siècle, não se pode tão escamotear o reiterado ódio de Badiou à democracia representativa. Nisso, aliás, a sua persistência marxista-leninista-maoísta é de todo diferente da evolução de outros antigos membros do grupo marxista-estruturalista reunido em volta de Louis Althusser, como Etienne Balibar ou, o mais fecundo de todos, em termos quer de pensamento político quer estético, Jacques Rancière, do qual em português aliás está publicado, e passou demasiado despercebido, um livro justamente de título O Ódio à Democracia (Mareantes Editora, 2006).
Para mais cabal esclarecimento do que as idolatrias intelectuais se arriscam a sonegar aqui ficam pois registados alguns textos do “Libération” e do “Le Monde”.
And if you don’t speak french but just read the digests of “french theory”, well, it’s your problem, tant pis pour vous…
Alain Badiou, Slavoj Žižek… Des philosophes mettent en cause la démocratie électorale. Critique salutaire ou retour des vieux démons?
Eric Aeschimann
QUOTIDIEN : samedi 16 février 2008
Malaise dans la démocratie, brouillard sur les urnes. Est-ce l’effet retard d’une succession de scrutins aux résultats déroutants pour la gauche ? Un mouvement d’humeur face à la démocratie libérale triomphante ? La nouvelle lubie de quelques philosophes ? Ou une crise plus profonde ? Le fait est là : la démocratie, en tout cas dans sa forme électorale, est mal en point et les intellectuels viennent à son chevet. Certains pour se demander ce que signifie cet accès de fièvre. D’autres, plus radicaux, pour affirmer que, dans un monde plus complexe et plus inégalitaire que jamais, le système représentatif ne permet plus au plus grand nombre de participer à la prise de décision collective et qu’il faut désormais s’interroger sur ses fondements même.
Punir les élus. Le constat, d’abord. Il traverse les clivages politiques. Venus de la gauche antitotalitaire, des historiens des idées tirent la sonnette d’alarme. «La démocratie d’élection s’est incontestablement érodée», écrivait Pierre Rosanvallon fin 2006 dans La Contre-Démocratie. Proche de la deuxième gauche, il y décrivait les diverses formes de la «défiance» démocratique, de la «démocratie négative» : abstention, manifestations, volonté de surveiller et de punir les élus. Dans l’introduction du premier tome de L’Avènement de la démocratie, paru à l’automne, son collègue Marcel Gauchet préfère parler d’«une anémie galopante», une «perte d’effectivité» qu’il attribue à une «crise de croissance» de grande ampleur. L’ironie veut que ces analyses se développent au moment même où, pratiquement à l’opposé de l’échiquier intellectuel, la critique de la «démocratie formelle», aussi vieille que le marxisme, connaît une deuxième jeunesse.
En témoigne le succès inattendu du petit essai du philosophe, Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom ? , véritable charge contre la loi des urnes. «Tout le monde voit que la démocratie électorale n’est pas un espace de choix réel», écrit-il. Face à la «corruption» des démocraties par les puissances de l’argent, l’heure serait venue de définir «une nouvelle pratique ce qui fut nommé "dictature" (du prolétariat). Ou encore, c’est la même chose : un nouvel usage du mot "Vertu".»
Plusieurs voix se sont élevées - celles de Bernard-Henri Lévy ou du critique littéraire Pierre Assouline - pour dénoncer le retour d’une rhétorique associée au communisme stalinien. Michel Taubman, directeur de la revue Le Meilleur des Mondes, guère suspect de complaisance envers la pensée gauchiste, affiche, lui, une certaine placidité : «Il y a trente ans, en France, 20 % de la population dénonçait la démocratie bourgeoise et croyait à la dictature du prolétariat. On vivait avec. En réalité, ces intellectuels radicaux ne représentent rien, car, aujourd’hui, même Besancenot [o carteiro líder da L.C.R. trotzkista] défend la démocratie électorale.» Pourtant, que la discussion prenne en France une tournure si véhémente n’est pas un hasard. «Les Français sont, au plan européen, les plus pessimistes sur leur démocratie et leurs représentants», note Stéphane Rozès, directeur de l’institut CSA. La crise, diagnostique-t-il, est «spirituelle» et sanctionne le discours d’impuissance tenu par les responsables politiques face à la mondialisation.
«Impuissance». Abstention à la présidentielle de 2002, victoire du non au traité constitutionnel européen, coups de cœur aussi brusques qu’éphémères pour Ségolène Royal puis François Bayrou, participation massive pour le sacre de Nicolas Sarkozy, scrutins locaux transformés en défouloirs, la boussole s’affole. Ni les frasques sarkoziennes ni la ratification du mini traité européen ne devraient contribuer à restaurer la confiance dans les vertus du bulletin de vote. De quoi conforter Badiou, pas fâché de constater dans son livre : «L’impuissance était effective, elle est maintenant averée".
«Les Français ne reprochent pas aux politiques leur manque de proximité, mais leur irresponsabilisation», reprend Rozès, ajoutant que les Français y sont d’autant plus sensibles que leur vivre-ensemble n’est pas fondé sur la religion ou l’ethnie, mais sur le partage d’idéaux politiques. Reste à se mettre d’accord sur les causes de l’impuissance démocratique. C’est tout l’enjeu de la réflexion qui s’engage. Pour Marcel Gauchet, l’avènement d’une conception hypertrophiée des droits de l’homme a fini par priver la collectivité de tout moyen d’action. Patrick Braouzec, député communiste de Saint-Denis, pense au contraire que «à côté des élections, auxquelles les gens sont très attachées, mais qui constituent un moment spécifique, la démocratie ne peut que s’atrophier si elle ne s’appuie pas également sur une démocratie participative et sur le mouvement social». Un «mouvement social» aux contours flous - manifestations de rue, soutiens aux enfants sans-papiers, opérations médiatiques des Enfants de Don Quichotte… - et qui, poussé à l’extrême, rappelle le titre d’un livre du philosophe John Holloway, en vogue chez les altermondialistes : Comment changer le monde sans prendre le pouvoir. Faire de la politique, d’accord, mais hors les urnes.
Le philosophe slovène Slavoj Zizek, star des campus américains et habitué des blagues provocatrices, va encore plus loin en estimant que seule «la violence populaire» permettra aux classes défavorisées de se faire entendre dans des démocraties libérales. Žižek publie ce mois-ci en France un recueil des «plus beaux discours de Robespierre», précédé d’une longue introduction où il se demande comment «réinventer une terreur émancipatrice». Icône de la pop-philosophie, connu d’abord pour ses analyses du cinéma hollywoodien, l’homme est pourtant le contraire d’un nostalgique. Il a combattu en son temps le «socialisme réel» dans la Yougoslavie titiste et participé aux premiers pas de la démocratie slovène. Sa radicalisation semble montrer que le désenchantement démocratique ne saurait se réduire à une exception française.
«Arrogance occidentale». C’est que, un peu partout sur la planète, les processus de démocratisation connaissent des ratés, d’ordres divers, qui mettent à mal la «promotion de la démocratie», pour reprendre le vocabulaire en usage à l’ONU depuis les années 90 : l’Irak et l’Afghanistan, mais aussi la Russie reprise en main par Poutine, l’Algérie ou la Palestine où les islamistes se sont vus confisquer leurs victoires gagnées par les urnes. Ou encore, la montée des populismes en Pologne, au Danemark, en Belgique. Voire une Amérique qui, pour imposer la démocratie, n’a pas hésité à transgresser les principes élémentaires du droit. De quoi nourrir pour un bon moment le débat. Car, qu’on le veuille ou non, celui-ci est ouvert. Dans le numéro de janvier de la revue Esprit, Pierre Rosanvallon pointait «une certaine arrogance occidentale et un certain aveuglement sur la nature et les problèmes de la démocratie.»
«Nous allons devoir redevenir utopiques»
Slavoj Žižek plaide pour une mobilisation populaire :
Recueilli par ÉRIC AESCHIMANN (à Ljubljana)
QUOTIDIEN : samedi 16 février
Slavoj Žižek est philosophe. Il publie et préface deux anthologies «rouges» : Robespierre : entre vertu et terreur, (éd. Stock) et Au bord de la révolution. Lénine commenté par Žižek (éd. Aden) . Quelle critique faites-vous à la démocratie ?
Peut-être la même que les conservateurs… Les conservateurs ont le courage d’admettre que la démocratie est dans une impasse. On s’est beaucoup moqué de Francis Fukuyama lorsqu’il a annoncé la fin de l’histoire, mais aujourd’hui, tout le monde accepte l’idée que le cadre démocratico-libéral est là pour toujours.
On se contente de réclamer un capitalisme à visage humain, comme on parlait hier d’un communisme à visage humain. Regardez la science-fiction : visiblement, il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme.
Le capitalisme, c’est la cible, derrière la critique de la démocratie ?
Soyons clair : l’Europe de l’après-guerre a connu un niveau moyen de bonheur jamais vu. Mais quatre problèmes majeurs viennent déséquilibrer le modèle démocratico-libéral.
1) Les «sans-part», les sans-papiers, sans-abri, sans-emploi, ceux qui ne participent pas à la vie de la communauté, dont l’Etat ne s’occupe plus.
2) La propriété intellectuelle, que le marché ne parvient plus à réguler, comme le montre le destin délirant de Bill Gates, fondateur de Microsoft.
3) L’environnement, dont la régulation peut assurer le marché lorsque la pollution est mesurable, mais pas quand le risque devient incalculable - Tchernobyl, les tempêtes…
4) La biogénétique : est-ce au marché de dire où commence l’humain ?
Dans ces quatre domaines, ni la démocratie libérale, ni le capitalisme global n’apportent les bonnes réponses.
Quelle alternative ?
Je ne suis pas crétin, je ne rêve pas à un nouveau parti communiste. Ma position est plus tragique. Comme tout marxiste, j’admire la productivité incroyable du capitalisme et je ne sous-estime pas l’utilité des droits de l’homme. L’arrestation de Pinochet a joué un rôle psychologique très important au Chili. Mais regardez le vénézuélien Chávez. On dit qu’il est populiste, démagogique, qu’il ne fait rien pour l’économie, que cela va mal finir. C’est peut-être vrai… Mais il est le seul à avoir inclu les pauvres des favelas dans un processus politique. Voilà pourquoi je le soutiens. Quand on critique sa tentation dictatoriale, on fait comme si, avant lui, il y avait une démocratie équilibrée. Or, c’est lui, et lui seul, qui a été le vecteur de la mobilisation populaire. Pour défendre ça, je pense qu’il a le droit d’utiliser l’appareil d’Etat - appelez cela la Terreur, si vous voulez.
Pour les penseurs libéraux, capitalisme et démocratie restent inséparables.
On l’a beaucoup dit, mais en Chine est en train de naître un capitalisme autoritaire. Modèle américain ou modèle chinois : je ne veux pas vivre dans ce choix. C’est pourquoi nous allons devoir redevenir utopiques. Le réchauffement climatique va nous amener à réhabiliter les grandes décisions collectives, celles dont les penseurs antitotalitaires disent qu’elles mènent forcément au goulag. Walter Lippmann a montré qu’en temps normal, la condition de la démocratie, c’est que la population ait confiance dans une élite qui décide. Le peuple est comme un roi : il signe passivement, sans regarder. Or, en temps de crise, cette confiance s’évapore. Ma thèse est de dire : il y a des situations où la démocratie ne fonctionne pas, où elle perd sa substance, où il faut réinventer des modalités de mobilisation populaire.
D’où votre éloge de Robespierre.
La Terreur ne se résume pas à Robespierre. Il y avait alors une agitation populaire, incarnée par des figures encore plus radicales, comme Babœuf ou Hébert. Il faut rappeler qu’on a coupé plus de têtes après la mort de Robespierre qu’avant - mais lui avait coupé des têtes de riches… En fait, il est resté très légaliste. La preuve, il a été arrêté. Ce qui m’intéresse chez lui, c’est ce que Walter Benjamin appelle «la violence divine», celle qui accompagne les explosions populaires. Je n’aime pas la violence physique, j’en ai peur, mais je ne suis pas prêt à renoncer à cette tradition de la violence populaire. Cela ne veut pas toujours dire violence sur les personnes. Gandhi, par exemple, ne s’est pas contenté d’organiser des manifestations, il a lancé le boycott, établi un rapport de force. Défendre les exclus, protéger l’environnement passera par de nouvelles formes de pression, de violence. Faire peur au capitalisme, non pour tuer, mais pour changer quelque chose. Car sinon, on risque d’aller vers une violence plus grande, une violence fondamentaliste, un nouvel autoritarisme.
Dans la perspective d’une «violence populaire», un intellectuel sert-il à quelque chose ?
A en prévenir les formes catastrophiques. A faire voir les choses autrement. Deleuze disait que s’il y a de fausses réponses, il y a aussi les fausses questions. Un conseil de philosophes ne peut pas établir un projet pour mobiliser les masses. Mais on peut jeter les idées et peut-être quelque chose sera récupéré. Les émeutes des banlieues en France sont nées d’un mécontentement non-articulé à une pensée, même de façon utopique. C’est ça, la tragédie.
Vos amis à gauche pensent-ils comme vous ?
Ce qui domine, surtout aux Etats-Unis, c’est un gauchisme libéral, tolérant, pour lequel la moindre allusion à la notion de vérité est déjà totalitaire, où il faut respecter l’histoire de chacun. Pour le philosophe Richard Rorty, ce qui définit l’homme, c’est sa souffrance et sa capacité de la raconter. Je trouve assez triste cette gauche de ressentiment et d’impuissance.
Editorial
Egarement
laurent joffrin
QUOTIDIEN : samedi 16 février 2008
Au cœur des petits cénacles se préparent souvent les grandes polémiques. Dans plusieurs cercles intellectuels, la démocratie se retrouve bizarrement au banc des accusés : il faut s’en soucier, sinon s’en alarmer.
Certes ses nouveaux contempteurs, un Badiou, par exemple, dont le livre rencontre un succès inattendu, ou un Žižek, ogre mangeur d’humanistes bêlants, remuent de très vieilles idées. De l’expérience totalitaire, ils ont beaucoup oublié et fort peu appris. Leur critique de la «démocratie formelle» exhale un parfum rance de sacristie marxiste. Leur éloge de la radicalité laisse transparaître une douteuse indulgence pour la violence politique. Pourtant on aurait tort de tenir ces égarements pour quantité négligeable. Pas seulement parce que le frisson de la subversion leur assure une influence parisienne indéniable. Les plus convaincus soutiens du système démocratique ne peuvent pas nier que le régime de leur cœur rencontre un discrédit inquiétant quoique diffus. L’inégalité, l’injustice, qui servent décidément de carburant au mouvement de l’époque, alliées à la vacuité marchande, bouchent l’avenir aux yeux d’une part croissante de la population. La démocratie, qui procure souvent prospérité (relative) et paix civile, est chiche d’espoir et d’enthousiasme. Autant que se gendarmer devant les importuns, les démocrates doivent surtout réinventer l’idée même de progrès. Faute de quoi ils laisseront de plus en plus le champ libre aux nostalgiques des utopies de fer et de sang.
«La seconde jeunesse d'Alain Badiou, nouvel héraut de l'anti-sarkozysme
LE MONDE | 11.01.08 | 14h16 • Mis à jour le 11.01.08 | 14h16
Voilà un succès qui en dit long sur un certain désarroi à gauche. Le livre pamphlet d'Alain Badiou De quoi Sarkozy est-il le nom ? (Lignes, 14 euros) fait un tabac deux mois après sa sortie. Et réassure une petite notoriété à un philosophe plutôt aride dont les présupposés politiques restent - de manière assumée - très empreints d'un marxisme léninisme puisant aux sources les orthodoxes ("mao- stal", aurait on dit les années 1970).
Ses plus de 17 000 exemplaires vendus - inespéré pour un auteur dont les ouvrages plus austères ne dépassent pas les 3 000 - un retirage en urgence par la petite maison d'édition, un nombre de recensions encore jamais atteint... : "On savait que ce livre allait se vendre mais pas à ce point", confie Sébastien Raimondi, responsable d'édition.
C'est par le bouche-à-oreille au sein d'un lectorat très critique à l'encontre de Nicolas Sarkozy que le livre fut conseillé. Des lecteurs "déprimés", comme les décrit Alain Badiou dans son ouvrage. Tellement assommés par ce "coup sur la tête" qu'ils cherchaient des mots que le philosophe a su trouver pour nommer leur mal-être. Parlant de M. Sarkozy comme de "l'homme aux rats", expression d'un "pétainisme soft" face à une gauche impuissante, il propose à ses lecteurs une "nouvelle morale" pour n'"être ni rat ni déprimé", un nouveau "courage".
Sur le Net, des sites militants comme Non-a-lintox.org, Paper.blog, Bellaciao ou Rezo.net ont vite chroniqué le petit ouvrage. Il a aussi gagné les sites locaux Désirs d'avenir, de Ségolène Royal, ou Nonfiction.fr, de l'écrivain Frédéric Martel. Patrick Besson lui a consacré un éditorial dans Le Point, Le Parisien une pleine page, et le voilà convié par les radios telles BFM ou France Inter. Répondant à "toutes" les invitations - "sauf la télé parce que les débats sont tronqués", dit-il -, M. Badiou sillonne, à 70 ans, les librairies et les cercles militants.
Pourquoi un tel engouement ? "C'est un livre accessible qui reprend une interrogation partagée", explique son éditeur. L'auteur, s'en amuse : "Je suis frappé par la violente hostilité dont Sarkozy est l'objet de la part de gens que je rencontre : des intellos, des ouvriers, des profs. C'est le début d'une minorité très constituée", professe M. Badiou. Une minorité dont rêve le disciple de Mao même si elle n'est pas encore "agissante".
Ao contrário do que se podia ler ontem na imprensa portuguesa, não é em Setembro mas hoje mesmo que estreia no Théâtre du Châtelet em Paris The Fly, a ópera de Howard Shore a partir do filme de David Cronenberg (para o qual, como em vários outros filmes do cineasta canadiano, o mesmo Shore havia composto a música), que ele próprio assim se estreia na encenação. O libreto é de D.B. Hwang, dramaturgo sino-americano, autor de M. Butterfly, caso único de uma peça que esteve na origem também de um filme de Cronenberg.
Se a ideia específica da ópera é de Shore, a concretização foi possibilitada por Placido Domingo. O grande tenor, que assim acrescento mais um papel ao seu já enorme catálogo, não é apenas o protagonista – como director da Ópera de Los Angeles, de que é director, co-produtora do espectáculo, deve-se a Domingo a montagem do projecto.
Ao contrário do que se poderia supor, em particular nesta matéria da metamorfose de um cientista numa criatura, Cronenberg anuncia que não quis trabalhar com elementos de vídeo e cinema, mas fazer “uma verdadeira experiência de teatro”.
Longe indo os tempos em que o canadiano era tão só tido como um “realizador de filmes de terror”, também várias têm sido as possibilidades de trabalho que lhe se têm aberto – e assim Cronenberg chega à ópera logo depois de em Toronto ter organizado uma exposição, "Andy Warhol/Supernova : Stars, Deaths and Disasters, 1962-1964".
(Já agora digo eu que uma das mais intrigantes “exposições” que alguma vez vi foi uma dedicada às criaturas e instrumentos dos filmes de Cronenberg – que por fina ironia estava patente no Museu de História Natural de Toronto).
Diz também Cronenberg que “a ópera é uma tentação do cinema, de que é de alguma maneira o antepassado”. E assim é, de facto, como aqui haverá ocasião de recordar. Mas se a ópera, enquanto modelo de “obra de arte total” inspirou o cinema, a relação hoje inverteu-se, na medida em que por variadas vias é ao cinema que alguns projectos e modos operáticos vão buscar inspiração.
Por exemplo, The Fly não é a única ópera inspirada num filme: a Ópera Real da Dinamarca encomendou ao compositor Poul Ruders uma outra, a partir de Dancer in the Dark de Lars von Trier. Já agora, recorde-se que o cineasta dinamarquês chegou a estar indicado para dirigir a nova produção da Tetralogia O Anel do Nibelungo em 2006, em Bayreuth, projecto de que acabou ele por desistir. Mas o que não tem faltado é cineastas chamados à encenação da ópera, e não deixa de ser espantosa a sintomática coincidência de que, depois de amanhã, no Festival de Aix-en-Provence, estreia uma nova produção de Così Fan Tutte de Mozart que marcará também a estreia na encenação de quem é no caso o mais inesperado dos cineastas, Abbas Kiarostami – e, em tudo opostos, Cronenberg e Kiarostami são dois dos maiores cineastas vivos. Acrescente-se ainda que, desde que no final de 2006 o Met iniciou a experiência de transmitir em alta-definição para umas quantas salas de cinema algumas produções suas os exemplos se multiplicam, e de resto essas transmissões directas já chegam inclusive à Europa.
Em suma, histórias e reflexões também para os próximos dias, com o toque amargo de nos fazer voltar igualmente a algumas questões do São Carlos. Por ora, The Fly e, de imediato, o senhor que se segue, Abbas Kiarostami