Cinema, cinefilia, “Cahiers”
Como continuar a preservar e fazer descobrir a memória do cinema, como ter o prazer da descoberta e transmitir esse prazer neste momento de imensas acelerações e também, como goste-se ou não é inevitável reconhecer, de depreciação desse espaço ontológico do cinema que é a sala escura?
As questões são muitas, e cruciais, e dizem respeitos não apenas a meios de distribuição, e possíveis outros circuitos de distribuição, como a festivais, cinematecas e instituições programadoras, etc. Como analisar os filmes, geografias e tendências, e tornar públicos os termos e posicionamentos de crítica?
“Como está o cinema?”, é interrogação que supõe também outra, “como está a cinefilia?”. Há instituições imutáveis, por vezes feudos mesmo, como uma certa Cinemateca Portuguesa*. Há outras, que pela sua história são também “instituições”, que se tentam repensar, que se confrontam como situações em que é forçoso repensar.
Muito da história da cinefilia passou pelos “Cahiers du Cinéma”. Mais: o modo dominante da cinefilia tem uma matriz ineludível nos “Cahiers”.
Na sua mais recente fase, os “Cahiers” pertencem ao “Le Monde”, mas estando o grupo desse jornal em reestruturação empresarial, e em redução do número de títulos, o que irá suceder à revista?
O seu actual chefe de redacção, Emmanuel Burdeau, e outro redactor, Thierry Lounas, elaboraram um projecto autónomo. Numa tribuna publicada no “Libération” no passado dia 17, inúmeros antigos e actuais redactores vieram declarar o apoio a esse projecto – e a lista é impressionante de diversidade de gerações e posições, de representantes de diversas “idades dos Cahiers”, como Claude Chabrol, Jean Douchet, Michel Delahaye, Luc Moulett, Jean-André Fieschi, André S. Labarthe, Barbet Schroeder, Jean-Louis Comolli, Jean Narboni, Sylvie Pierre, Bernard Eisenchitz, Louis Skorecki, Jean-Louis Schefer, Jean-Paul Fargier, Jacques Aumont, Jacques Rancière ou Nicole Brenez.
Para além dos aspectos particulares da situação, o que importa reter é o facto de na quase sacrossanta instituição da cinefilia se ousa pensar e dizer, que hoje, na era do digital (“numérique”), os modos e meios têm de ser outros. E por isso é curial ler o texto na íntegra e nele meditar.
Pour des «Cahiers» de plaisir et de combat
Nous sommes des rédacteurs actuels et anciens des Cahiers du cinéma. Nous avons fait les Cahiers hier et nous les faisons aujourd’hui. Nous sommes critiques de cinéma. Nous sommes aussi cinéastes, scénaristes, journalistes, enseignants, philosophes, écrivains… Nous incarnons l’unité et la diversité des Cahiers. Nous sommes attachés à leur passé et nous croyons en leur avenir. C’est pourquoi nous avons décidé de prendre la parole, au moment crucial où ils sont mis en vente par Le Mondeet doivent se réinventer.
Les Cahiers doivent prendre la mesure des nouveaux enjeux du cinéma. A l’heure de la révolution numérique - où c’est le mode même de production, de réalisation et de diffusion qui se trouve bouleversé -, les films ne se font plus et ne sont plus vus de la même manière. Le cinéma n’est d’ailleurs plus seulement dans les films, et il n’est plus seulement dans les salles. S’ils veulent retrouver l’impulsion combative de leurs débuts et se porter à la pointe de ce qu’est aujourd’hui le cinéma, les Cahiers doivent donc accomplir une révolution à la fois éditoriale et économique. Thierry Lounas et Emmanuel Burdeau (actuel rédacteur en chef) ont élaboré un projet de reprise et de relance pour les Cahiers. Leur initiative, soutenue par la majeure partie de la rédaction, est logique, en cela qu’elle émane de la revue et procède d’une longue réflexion sur son histoire et sur sa mission. C’est un projet éditorial, mais c’est aussi un projet d’entreprise. Indissociablement.
Il est clair en effet que les nouveaux enjeux critiques sont inséparables de nouvelles pistes de développement.
Les Cahiers doivent rester ce qu’ils furent toujours, d’abord et avant tout : une revue mensuelle d’actualité et de pensée du cinéma, accompagnant ses aventures, ses promesses et ses risques, vendue en kiosque et attachée à l’éthique du «bien dire» et du «bien décrire».
Mais s’ils veulent élargir leur champ aux supports et aux lieux qui accueillent et transforment le cinéma - DVD, séries télé, art contemporain, littérature, Internet… -, les Cahiers doivent eux-mêmes se diversifier et développer une complémentarité nouvelle entre une revue, un site Internet et un éditeur liés par une vision et des objectifs communs.
S’ils veulent rendre compte de la manière dont Internet modifie en même temps les outils du cinéma et ceux de la critique, la fabrication et la réception des films, ils doivent mettre en ligne des productions sonores et visuelles spécifiques, mais aussi développer sur leur site de nouvelles approches critiques et journalistiques (chroniques en direct, analyses d’images en mouvement, journaux tenus par un cinéaste ou un chef opérateur…).
S’ils veulent jouer un rôle réellement militant à l’égard des films qu’ils défendent - dont beaucoup trouvent de moins en moins accès aux salles -, ils doivent acquérir un nouveau métier et devenir un acteur à part entière de la diffusion, sur Internet, en DVD et en salle.
S’ils veulent affirmer et surtout transmettre leur histoire - et celle du cinéma - à une nouvelle génération de spectateurs, ils doivent valoriser le trésor de leurs archives numériques en France et à l’étranger, éditer des ouvrages anthologiques et publier un dictionnaire du cinéma qui fasse référence.
S’ils veulent étendre leur rayonnement international et en faire bénéficier leurs lecteurs, ils doivent développer leurs éditions en langue étrangère et nouer des collaborations avec des revues du monde entier afin d’écrire - sur le papier et en ligne, en articles et en images - la carte de demain, celle d’un cinéma à nouveau «voyagé».
Le projet de Thierry Lounas et Emmanuel Burdeau entend donc faire des Cahiers un objet unique, mais présent en plusieurs lieux et sur plusieurs supports avec la même force. Des Cahiers voués au plaisir et au combat critique, au cinéma en train de se faire, à ceux qui le font et aux nouvelles générations qui le découvrent. Des Cahiers directement impliqués dans les défis que pose l’évolution des modes d’accès aux œuvres, établissant un nouveau type de relations et d’échanges avec leurs lecteurs et abonnés.
Bref, des Cahiers contemporains, dans leurs moyens comme dans leurs buts, participant à leur manière à la réinvention du cinéma. Aujourd’hui, nous voulons dire que ce projet est également le nôtre .
* Certamente por lapso uma frase minha “s’est glissée” num texto sobre a Cinemateca Portuguesa no “Ípsilon” de hoje.